Si tu travailles dans le digital ou, plus largement, dans les prestations intellectuelles, tu as sûrement constaté que le marché est en berne. En 2024, trouver une mission est devenu plus compliqué qu’au cours des années d’embellie post-COVID. Comment expliquer cette situation ? Et surtout, comment s’y adapter en tant qu’indépendant pour garantir la stabilité de son activité ?
Sans entrer dans une analyse détaillée des raisons économiques et géopolitiques mondiales, je te propose ici quelques pistes pour comprendre les dynamiques actuelles et anticiper les fluctuations de l’offre et de la demande dans notre secteur.
Comprendre le marché des prestations intellectuelles
Le marché des prestations intellectuelles ressemble de plus en plus à un marché en concurrence pure et parfaite. Certes, il ne répond pas parfaitement à ce modèle théorique, mais certains facteurs nous en rapprochent : la facilitation de la création d’entreprises individuelles, l’essor des plateformes de mise en relation, et l’avènement du télétravail qui a élargi les horizons de travail.
Rappelons les cinq critères de la concurrence parfaite :
• Atomicité du marché : un grand nombre de prestataires et de clients, chacun avec un poids limité.
• Fluidité du marché : il est relativement facile d’entrer ou de sortir du marché.
• Libre circulation des facteurs de production : les indépendants peuvent travailler de n’importe où.
• Transparence de l’information : les tarifs et profils sont facilement accessibles.
• Homogénéité des produits : en apparence, de nombreux indépendants offrent des services similaires.
Dans ce contexte, les taux journaliers moyens (TJM) dépendent directement de la loi de l’offre et de la demande. Plus il y a de missions et moins il y a d’indépendants disponibles, plus les tarifs augmentent. Inversement, lorsque les missions diminuent et que les prestataires se multiplient, les TJM chutent.
Le boom post-COVID et la fin d’une période faste
Ces dernières années, notamment après la crise du COVID, les indépendants ont connu une période exceptionnelle. Le nombre de missions était élevé, et le marché manquait de consultants pour les pourvoir. Cela donnait aux prestataires une position favorable pour négocier des tarifs élevés.
Mais cet état de grâce n’a pas duré. Aujourd’hui, en 2024, le marché connaît un net recul. La demande est en baisse, le nombre de missions se raréfie, et avec lui, les TJM. Comment expliquer ce changement ? Les entreprises, face à des incertitudes économiques (inflation, réduction des budgets, prudence accrue), réduisent les dépenses de prestation intellectuelle. Pour les indépendants, il devient crucial de se démarquer pour sécuriser les opportunités qui subsistent.
La clé : se protéger grâce à la spécialisation
Sur les bancs de l’université, j’avais découvert un concept qui m’avait alors paru étrange :
la concurrence monopolistique. Comment peut-on être en concurrence et en situation de monopole à la fois ? La réponse réside dans la spécialisation.
Se spécialiser et se rendre “unique” permet de créer un petit monopole personnel, même dans un contexte où d’autres acteurs sont présents. Trop de consultants font l’erreur d’être généralistes, pensant que cela leur ouvrira davantage d’opportunités. Mais paradoxalement, cette approche dilue leur impact et réduit leur capacité de conversion.
En se spécialisant, on réduit la taille de son marché potentiel, mais on capte beaucoup mieux ce segment. C’est contre-intuitif, mais terriblement efficace.
Voici pourquoi la spécialisation est un atout majeur :
• Un positionnement clair : un consultant spécialisé peut cibler les missions et attirer les clients en adéquation avec son expertise.
• Une capitalisation des missions : les compétences acquises sont réutilisées et enrichissent les futures expériences, créant un cercle vertueux.
• Des références cohérentes : des missions similaires renforcent la crédibilité et prouvent une expertise pointue.
• Une productivité accrue : en maîtrisant un domaine précis, on optimise son efficacité et sa valeur ajoutée.
Prenons un exemple concret : imaginons un Product Owner qui se spécialise dans
les solutions e-commerce pour le secteur du Luxe. Cette spécialisation lui permet de mieux comprendre les défis de ses clients, de proposer des solutions ciblées et, en conséquence, de justifier des tarifs plus élevés. En maîtrisant ce segment, il se positionne comme un expert recherché plutôt qu’un généraliste noyé dans la masse.
Do not try to do everything.
Do one thing well.
Steve Jobs
Trouve ta discipline et excelle !
Qui est le plus rapide sur 100m : un décathlonien ou un sprinteur ?
La réponse est évidente, n’est-ce pas ? Tout comme le sprinteur se concentre sur la vitesse pure, trouve ta spécialité et deviens le meilleur dans ce domaine.
Dans un marché en plein bouleversement, la spécialisation est la clé pour sortir du lot, sécuriser des missions et pérenniser ton activité.